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Canal synthétique de la IIème Internationale Situationniste Immédiatiste.

samedi 11 juin 2011

Les Gender Studies, ou l'intensification de la guerre idéologique capitaliste à l'heure de la décomposition .



(La dure vie de la femme bourgeoise)



Je n'ai pas de genre, et j'emmerde tout ceux qui veulent m'y ranger .



J'établirai dans quelques lignes comment Maldoror fut bon pendant ses premières années, où il vécut heureux; c'est fait. Il s'aperçut ensuite qu'il était né méchant: fatalité extraordinaire! Il cacha son caractère tant qu'il put, pendant un grand nombre d'années; mais, à la fin, à cause de cette concentration qui ne lui était pas naturelle, chaque jour le sang lui montait à la tête; jusqu'à ce que, ne pouvant plus supporter une pareille vie, il se jeta résolument dans la carrière du mal... atmosphère douce! Qui l'aurait dit! lorsqu'il embrassait un petit enfant, au visage rose, il aurait voulu lui enlever ses joues avec un rasoir, et il l'aurait fait très-souvent, si Justice, avec son long cortège de châtiments, ne l'en eût chaque fois empêché. Il n'était pas menteur, il avouait la vérité et disait qu'il était cruel. Humains, avez-vous entendu? il ose le redire avec cette plume qui tremble! Ainsi donc, il est une puissance plus forte que la volonté... Malédiction! La pierre voudrait se soustraire aux lois de la pesanteur? Impossible. Impossible, comme si le mal voulait s'allier avec le bien.
Lautréamont, chant I .

Comme tout vrai poète, il était du parti du Mal sans le savoir . W.Blake .

Je ne tiens pas pour prioritaire d'étudier les Gender Studies pour elles-même . Ce vaste groupement brumeux, qui est en passe de conquérir le champ universitaire, est au fond tout à fait répugnant à mes yeux . Sans intérêt, sans sel, sans même le sang qui donne le goût de la vie . Surtout, sans le sang . Sans lui, et sans le cœur qui le met en mouvement, une pensée est l'administration de classifications – une administration d'idéalités qui se modèle sur l'administration des choses, administration originairement royale, mais qui devient le mode d'administration du Système étendu à l'ensemble de l'être . Or tout ce qui est n'est pas une chose et ne relève pas de l'administration des choses -ainsi les êtres humains . L'administration des hommes comme les choses, c'est l'homme matière première de l'industrie, les corps entassés par des pelles mécaniques – c'est le calcul des risques nucléaires .

Je me penche sur les Gender Studies, comme je me penche vers un cadavre, selon le mot d'Héraclite : les cadavres sont plus à écarter que du fumier . Comme je me penche sur les barreaux des prisons de l'âme, avec la volonté aigüe de les détruire . Les détruire, tous ces mots mensongers, ces mots où le Bien est le nom du Diable, et où parfois le Mal est le nom de Dieu . Quand vous êtes décidé à tuer (…) ne laissez jamais la raison vous guider, dit le Hagakure avec raison . Détruire, sans espoir à ce niveau, parce que ces paradigmes sont destinés à dominer l'âge tyrannique du capitalisme – l'âge de fer . Je ne me penche ni par plaisir, ni par goût, mais parce que l'installation d'une tyrannie idéologique oblige à réagir, par nécessité de respiration . Tout être véritablement humain ne peut être dans les Gender Studies que comme un poisson au fond d'une barque, à étouffer . L'objet lui même des Gender Studies me paraît vide, d'un vide descendant . Par contre l'ensemble paraît correspondre de manière effrayante aux fonctions les plus destructrices du Système . C'est la pensée fonctionnelle du déchaînement ultime du Système . Dit autrement : aucune pensée révolutionnaire ne peut naître dans le monde sans s'en séparer comme il convient - par le tranchant de l'épée .

Je me penche sur les Gender Studies parce que le Système est tellement étouffant, dans ses spires de fer, que des êtres humains d'âmes nobles croient y trouver des voies – croient y étouffer moins . C'est pour eux que j'écris, avec respect . Pour leur dire que, pour échapper à la douleur et à l'étouffement, ils risquent de devenir de fer – et de se retrouver au delà des ponts, des vaisseaux brûlés . Le danger idéologique qui est en train de naître est essentiellement comparable, dans sa puissance nihiliste, au matérialisme scientiste qui a construit les idéologies exterminatrices du dernier siècle . Je le proclame solennellement . Il m'importe peu d'être moqué .

On appelle en anglais gender studies (ou parfois gender, cultural & queer studies) un vaste domaine d'étude, de débat, de controverses portant sur la question du gender (c'est-à-dire du genre sexuel, différence sociale faite entre les sexes biologiques) qui s'est développé depuis les années 1970 dans les universités américaines où plusieurs universités prestigieuses financent des départements ou des chaires professorales consacrés à ce champ de recherche. Ce domaine d'étude veut montrer comment les inégalités dont sont victimes les femmes s'appuient d'une part sur une idéologie légitimant, de fait, l'oppression des femmes et d'autre part sur un ensemble de mécanismes sociaux qui tendent à présenter comme naturelle une division inégalitaire des rôles sociaux entre les hommes et les femmes, y compris dans les sociétés qui se prétendent démocratiques et égalitaires. (Wikipédia)

J'ajouterais que les développements des Gender Studies vont bien au delà de la question féminine, qui a servi d'escabeau sous leurs pieds ; aujourd'hui la libération est « la libération animale » voir Peter Singer, Oxford, 1975 .

Le paradigme des Gender Studies est idéologiquement issu des boîtes à outils du libéralisme doctrinaire . Ce point très technique sera étudié à part . Je ferais plusieurs textes . Il y a (entre autres ) dans le paradigme des Gender Studies trois thèses principales déclinées, et deux annexes conséquentes des premières :

Thèse 1 : La première est l'existence réelle de groupes réellement distincts correspondant aux classifications verbales ; par exemple un groupe social distinct, les femmes ; et d'un autre groupe social distinct, les hommes . (Ces groupes peuvent ensuite varier à l'infini ) . Ces groupes sont réellement distincts et pourtant irréels selon les Gender Studies elles-mêmes, puisque fabriqués comme inégaux par une culture et une éducation injustes . La relation entre ces groupes est elle-même injuste . Cela se démontre par des statistiques . Le second groupe opprime le deuxième, qui est victime d'inégalités . En résumé, l'injustice est la relation première qui constitue l'existence même des pôles, les groupes . (Les Gender Studies dénoncent ensuite comme des fictions idéologiques les groupes qui pourtant leur servent de base à la démonstration statistiques des injustices, mais cela ne semble pas déranger . )

Thèse 1-1 : La « recherche » des Gender Studies est donc la constitution d'injustices qui sont présentées comme auparavant voilées par l'idéologie de la société . Les victimes doivent apprendre qu'elles sont victimes, elles doivent être « éclairées » et « a idées », y compris par la force . Avec de tels principes, il est possible de détruire les liens de n'importe quelle société humaine indépendante des valeurs du Système . C'est par là que les Gender Studies sont des productions de guerre .

Thèse 2 : L'oppression une fois construite, il est évident par hypothèse qu'il existe une idéologie culturelle dans la société oppressive (dont le penseur des Gender Studies s'est « libéré ») qui légitime cette oppression . Les Gender Studies appellent ainsi - oppression - toute construction symbolique du réel produite la société qui vient d'être définie par les Gender Studies comme injuste . Cette idéologie culturelle - cette oppression - constitue et définit les groupes qui s'opposent, par exemple le mâle et la femelle . Cette division serait présentée, à l'intérieur des cultures dites "oppressives"(trompeusement) comme naturelle, à savoir indiscutable . Les Gender Studies "dévoilent" le caractère culturel des oppressions présentées comme naturelles, tel est le discours principal de ces "sciences" . Mais l'oppression des Gender Studies est aussi présentée comme naturelle . Elles se présentent comme Science ( ce trait est répandu dans toutes les cultures, car la coutume est une seconde nature selon le mot de Pascal). Et pourtant elles véhiculent avant tout un programme moral et politique, du devoir-être et non de l'être . Pour les Gender Studies, les axiologies (systèmes des jugements de valeur) différentes de l'axiologie des Gender Studies sont des préjugés à détruire . Pour les Gender Studies, le caractère faussement naturel de l'oppression passe par le langage et ses catégories . Le langage de la société oppressive lui–même est injuste, et peut être détruit, ou réformé par voie autoritaire . Pour résumer, les Gender Studies sont une expression sophistiquée de la mentalité coloniale, méprisante et xénophobe . Rien de plus que le « il est interdit de cracher et de parler breton » qui figurait dans les écoles de Bretagne .

Thèse 3 : Les Gender Studies nomment oppression toute division inégalitaire des rôles sociaux, sauf quand il s'agit de la division inégalitaire entre Gender Studies qui disent la vérité, et salauds d'oppresseurs qui disent des préjugés . Toute différence de rôles sociaux est une inégalité, donc une injustice qui remet en cause l'égalité fondamentale et démocratique attendue dans notre société . En fait ces attendus sont pour les Gender Studies universellement attendus . Les Gender Studies ne sont PAS l'expression de minorités, mais des produits idéologiques des centres de formation de oligarchie anglo-saxonne, et parlent au nom de la souveraineté du Système .

Thèse 4 : Toute oppression permet de faire apparaître des oppressions et des libérations nouvelles . Par exemple, des personnes qui ne sont ni mâles ni femelles sont opprimées par le paradigme hétérosexuel dominant, qui leur refuse une place . Ce sont les transgenres . Mais le paradigme nouveau est tri-polaire, il existera de nouveaux opprimés, les trans-transgenres – et on proposera la création de nouveaux genres à l'infini, sans comprendre une seconde que les genres ne sont que des mots, et qu'il y aura toujours plus d'individus . Les Gender Studies considèrent comme une oppression de ne pas avoir de reconnaissance légale d'un genre correspondant à son existence – elles correspondent à un fanatisme de la reconnaissance typique du Spectacle .

Thèse 5 : dans la logique du système queer, les antispécistes appliquent aux animaux le rejet des classifications culturelles hiérarchiques, et enquêtent sur l'oppression des bêtes, sur des Mac montés dans les goulags chinois par des enfants .

Première remarque : les Gender Studies posent en pétition de principe la connaissance de la justice, puisque cette notion, ainsi que la protection des "victimes" est constitutive de leur paradigme général : Ce domaine d'étude veut montrer comment les inégalités dont sont victimes les femmes (...) . Anthropologiquement, des cultures nomment justes ce que d'autres nomment injustes : vérité au delà des Pyrénées, erreur en deçà – Pascal . Que des représentations du juste dans une culture soient représentées comme injustes par d'autres cultures est banal, et il faut être sot pour croire trancher avec certitude en de tels sujets . Cette lourdeur naïve est déjà un indice de fanatisme puritain, car la prétention à la connaissance de la justice absolue est typique de la structure puritaine de la psyché . Il est clair que la confusion entre l'être et le devoir être, et entre les mots et l'être, est déjà maximale, puisque le devoir-être entre dans la constitution d'un objet de « science », d'un étant . Autrement dit : le brouet gender apparaît comme une moraline scientiste qui s'appuie sur la police .

Ces « sciences » sont non seulement des études objectives, mais aussi des puissances de prescription opposées aux modèles qu'il s'agit de détruire . Les Gender Studies sont le nom d'un ensemble de croisades, et donc de définitions d'axes du mal . Et ces prescriptions, en tant que produites par « les opprimés », à savoir donc par exemple « les femmes » doivent être appliquées par la force juste de l'État . Les Gender Studies contiennent donc dans leur essence même des prescriptions juridiques et un appel à la force, c'est à dire très clairement à la répression : et ce point est également caractéristique du puritanisme idéologique .

Le double paradoxe de « sciences » basées sur du devoir être, et d'opprimés qui veulent opprimer au nom de la morale rejoint les pires productions idéologiques des siècles passées – car il est également clair que les Gender Studies veulent mettre fin au mal, et faire advenir le règne du bien – ce qui développe le caractère typiquement exterminateur des puritanismes .

La thèse opposées est la suivante : l'usage de la force pour faire advenir le bien est une illusion, puisque l'usage de la force à grande échelle contre le Mal, quand il en vient à légitimer toutes les transgressions aux principes du droit : légitimer l'excès dans la répression, légitimer le risque d'erreur, légitimer la discrimination par le « genre », voire légitimer l'homicide, n'est pas la fin du mal, mais le commencement de maux encore plus grands que ceux contre lesquels on prétend lutter . Je précise en passant cette évidence, que toute discrimination est positive ET négative . L'apartheid était pour les blancs de « la discrimination positive » . Si je peux choisir quelqu'un parce qu'il a tel sexe biologique, par exemple parce qu'il est une femme ( on n'admettra pas, malgré le culturalisme des GS, que je me présente comme femme pour un recrutement réservé aux femmes, à moins d'avoir fait énormément d'efforts de conversion publique, même si j'invoque la liberté de chacun de proclamer son sexe social selon les GS ), alors nécessairement je peux et doit refuser quelqu'un parce qu'il a l'autre sexe – même si cette discrimination positive ne s'est pas soldée par un refus effectif d'une candidature . La parité des listes de candidats à des élections est discriminatoire dans la réalité pratique de la constitution des listes : Globalement, la volonté de faire la justice dans le monde par la violence injuste aboutit à une intensification des injustices, ainsi la Terreur contre la corruption n'a pas aboutit à la fin de la corruption, mais au massacres, au mépris de la vérité dans les procès, à la guerre civile sans fin – et à une expansion de la corruption .

Deuxième remarque : les Gender Studies sont fonctionnelles au Système, c'est à dire utiles à son développement, et l'oligarchie qui le pilote le sait très bien . Elles sont produites dans les universités les plus prestigieuses, les grandes écoles, les grandes entreprises; les syndicats patronaux, les gouvernements qui mènent des guerres coloniales . Elles sont largement financées ; et participent au formatage idéologique des oligarques internationaux . Elles ne sont marginales ni dans leur paradigme typiquement libéral, ni dans leur production, ni dans leur enseignement, ni dans leur application . Elles sont des dispositifs de domination, l'instrumentalisation de la morale et de l'invocation de victimes au service de la jouissance de l'oligarchie . Elles sont largement absentes des champs d'avant garde de la culture, même si elles semblent présenter une ressemblance avec la puissance transgressive de ces champs, par exemple la vie et l'œuvre d'un Genesis P. Orridge .

Le véritable vaincu ne peut se rendre justice à lui-même ; et au présent cycle du capitalisme oligarchique, la Victime hypostasiée, fantôme du spectacle, devient le masque de la légitimation de la domination oligarchique, la technique infaillible pour la mettre hors de la discussion, en tant qu'axe du Bien . La défense et la justification des guerres coloniales a toujours pallié aux paradoxes de la libération armée de civilisation étrangères en invoquant la protection : protection des civils, des enfants, des femmes - alors même qu'au XIXème siècle, des enfants des deux sexes mourraient dans nos mines, et qu'aujourd'hui on écrase des pays sous les bombes, et des bombes à l'uranium appauvri, aux effets civils redoutables . Les Gender Studies sont la figure de la guerre coloniale de l'oligarchie capitaliste contre les peuples du monde : la division des Genres permet absolument toutes les défenses, et tous les délires, en gommant résolument la division pourtant si prégnante, si énorme, si crue des richesses – la seule véritablement reconnue en pratique par l'oligarchie .

Les Gender Studies participent de la thérapie du choc décrite par Naomi Klein dans l'ordre idéologique, avec un effet de sidération dû au jargon pseudo-scientifique, à la puissance universitaire considérable et à ses effets de légitimation et d'autorité, à l'usage de la contrainte et de la violence idéologique, en particulier à l'usage systématique de la double contrainte d'un autoritarisme sectaire qui se présente comme libération . Voyons un exemple commenté en italique avec le texte de Karine Espineira, de l'Université de Nice, Sophia–Antipolis .


***


les Trans Studies face aux résistances académiques et médico-légales (2009 ?) :

(...)


« Epistémologie du genre

Pas à dire, le mot épistémologie est chic, d'emblée, et fait très scientifique .

Comment les études de communication peuvent “penser le genre” ? Elle peuvent en premier lieu s’intéresser à l’articulation sexe-genre dans les modes et dispositifs de communication. Les interactions sociales sont animées par une communication sexuée et genrée découlant des classes de genre pour citer Kate Bornstein, découlant de l’institutionnalisation d’un pôle masculin et d’un pôle féminin dans un cadre social binaire, hiérarchisé.

Voilà l'analyse idéologique à l'œuvre à travers une prescription impériale : les études de communication doivent penser le genre, c'est à dire importer le paradigme de l'auteurE – qui commande? Qui obéit? – comment obéir? En voyant que la communication est idéologiquement construite sur le Genre . La citation fait très chic – pur argument d'autorité, rien d'autre que les citations d'Aristote des médiévaux . La construction de l'objet de science, telle que demandée, construit l'objet qu'elle pose fictivement au départ dans l'être ; elle pose ce qu'elle dénonce ensuite, c'est plus facile de créer ses repoussoirs que de regarder ses ennemis, au risque de s'y reconnaître .

(…) Marie-Joseph Bertini n’y va pas par quatre chemins. Les SIC résistent. Alors comme un passage en force, elle va implémenter le genre dans les études en SIC, mener sa critique et s’engager dans une épistémologie fondée sur l’idée que les communications sont structurées par les rapports de sexe et de genre. L’épistémologie du genre ne fait pas l’impasse du symbolique et de l’arbitraire dans la construction des savoirs. Pour Marie-Joseph Bertini, le Genre est le premier principe d’organisation sociale et communicationnelle ; il doit s’ajouter aux nombreux programmes de recherches en SIC qui ont pensé le corps et la technique, les sons et les images, les signes et les symboles.

Dans sa conquête, notre AuteurE ne rechigne pas sur l'autorité . Les SIC résistent, alors on utilise la force et l'intimidation morale pour vendre le Genre, le Premier Principe d'Organisation Sociale (Avant l'AutoritéE?) . Les communications sont structurées...les races humaines sont inégales – la même opération symbolique d'imposition par la force d'un Premier Principe D'Ordre . C'est ainsi que le symbolique et l'arbitraire doivent être ordonnés par la force, et la force est du côté du Genre .

« Dès les années 1960, les Cultural Studies entament les débats et questionnent les enjeux politiques sur les rapports culture-société. Le Genre est compris comme l’une des données à intégrer « aux méthodes et outils de la critique textuelle et littéraire » disent Armand Mattelart et Éric Neveu. Ces méthodes doivent être appliquées non plus exclusivement à une culture dite « noble » mais déplacée vers les productions de la culture de masse. Ce glissement du Genre vers la théorie académique contestataire, va d’extension en extension, conduire aux Women Studies qui émergent des Cultural Studies en mettant en valeur la variable genrée, dont on attribue communément la valorisation à la sensibilité féministe de chercheuses comme Charlotte Brunsdon et Dorothy Hobson (1978). Enfin, les Trans(gender) Studies débouchent des Gender, Gay & Lesbian & Queer Studies, tenant aussi leur valorisation à des sensibilités savantes. Je m’arrête un instant sur la terminologie “sensibilité”. Une sensibilité dite féministe signifie-elle la disqualification du propos, de la place et du cadre d’énonciation ? Est-ce que la chercheuse s’expose à une qualification militante de sa parole, qu’on la dise engagée ? Ou y verra-t-on plutôt une localisation du discours : qui parle et d’où ?

Aucune analyse sociologique ou idéologique : les « Cultural Studies » font ceci ou cela . Ce sont les actants, les héros dont on se raconte l'épopée . Le style purement autoritaire se prolonge : le Genre est est compris comme l'une des données à intégrer . Sinon tu n'as rien compris . La plus drôle est cet oxymore involontaire : la théorie académique contestataire...l'académisme contestatataire...Quand à remettre en cause l'autorité morale pontificalE de CellE qui parlE, ce serait remettre en cause le droit là l'exposition militante de la parole...et à la sensibilité...En réalité nous avons là un être humain universitaire qui cherche a tenir une position de force par l'intimidation scientiste et morale – et rien de plus . Un tel type d'être humain dans l'exercice du pouvoir serait un tyran bureaucratique et jargonnant, pas du Genre sensible .

Accéder aux savoirs et expériences du féminisme pour penser l’inégalité de la différence des sexes et poser l’idée du « binaire » que les trans eux-mêmes pouvaient reproduire, devenait un enjeu théorique pour les trans du ZOO. L’hypothèse du mutant s’y fait entendre tout comme la nécessité de Trans Studies formant une base de pensée aussi bien politique que théorique refusant de participer à la politique de la différence des sexes perçue et étudiée comme franche inégalité.

Une part importante du caractère douteux du Genre est là : on se présente comme une science pour imposer son paradigme aux autres disciplines, pour imposer une politique de conquête de l'appareil académique, ou idéologique d'État, comme une sensibilité pour faire venir les larmes aux yeux, comme une morale, et comme une politique d'autorité . Un tel projet est un projet total de domination ; et sa naissance se déroule dans le cadre du Système – et il ne peut aspirer qu'à être un sous système académique et idéologique fonctionnel . Il n'est nullement nécessaire de supposer que le machiavélisme soit de règles chez les idéologues, cela se fait tout seul . Les plus fonctionnels auront les meilleurs postes, les crédits, les étudiants, les médias .

Effets symboliques

Marlène Coulomb-Gully affirme que les SIC ne peuvent ignorer la variable genrée dans les processus de médiatisation. Variable ô combien signifiante comme le démontre Marie-Joseph Bertini dans la mise en lumière des mécanismes complexes de formation et d’usage des Figures imposées aux femmes par le truchement de la presse écrite plus particulièrement. Pour s’en convaincre il suffit d’étudier la presse écrite dans le cadre des présidentielles de 2007 et de la candidature de S. Royal comme l'a fait M.-J. Bertini dans "Femmes : Le pouvoir impossible. "

La pauvreté grotesque de l'analyse du Genre comme Premier Principe de l'analyse politique dans le Spectacle, et l'écrasante domination d'une oligarchie à laquelle nombre de femmes participent, voilà ce qui n'est pas évoqué dans l'analyse du spectacle de la présidentielle .

Succédant et s’ajoutant aux préoccupations du féminisme, des débats sur la parité, des rapports masculin-féminin dans un contexte de « domination masculine », les études de genre et à travers elles la transidentité, viennent focaliser une partie des discours et faire naître des recherches en Sciences Humaines et Sociales. Les trans ne sont plus considérés comme sujets singuliers, isolés dans un parcours médical et une errance juridique, mais appréhendés dans un parcours d’existence, une trajectoire culturelle et sociale, par l’ethnopsychiatrie (Centre Devereux avec Tobie Nathan et Françoise Sironi, entres autres), par l’anthropologie (Laurence Hérault) et la sociologie (Marie-Hélène Bourcier, Éric Fassin, Éric Macé). Si on admet que les Trans Studies existent, alors elles constituent ainsi un nouveau champ de recherche en construction en France, quoique cette recherche n’en soit qu’à ses prémisses si elle n’assume déjà pas l’expression Trans Studies. On notera cependant l’intérêt pour les questions transidentitaires de la part de tel chercheur ou telle chercheuse se réclamant aussi bien des études féministes que des études de l’anthropologie culturaliste.

J’en reviens à ma propre recherche pour parler de ma tentative pour implémenter les Trans Studies en Info-Com et au-delà (comme je suis ambitieuse !).

Le caractère impérial du programme idéologique présenté saute aux yeux . Des personnes et des disciplines qui ne se reconnaissent pas dans les Gender Studies sont arraisonnées sans discussion...L'Empire n'existe pas en France, mais « Si on admet que les Trans Studies existent, alors elles constituent ainsi un nouveau champ de recherche en construction en France, quoique cette recherche n’en soit qu’à ses prémisses si elle n’assume déjà pas l’expression Trans Studies . ». Et bien entendu, notre AuteurE prévoit d'y assumer un pouvoir pas du tout impossible...et structure une communication entièrement autoritaire, à grands coup de majuscules de Genre .


***


Aux yeux de cette propagande d'une redoutable efficacité, une classe dominante d'un seul sexe mais statistiquement deux fois plus riche que son peuple, par exemple, serait plus injuste que l'oligarchie des États-Unis, des milliers de fois plus riche que le peuple moyen, mais à parité . Sérieusement, dans la société du Système, l'actrice de Hollywood, la présidente d'un syndicat patronal, la ministre de l'économie sont elles des figures crédibles de l'opprimée, et le rural homme blanc ouvrier des figures de l'oppresseur ? La femme riche l'emporte–t-elle sur l'homme pauvre ? Rentre-t-on dans l'oligarchie par le sexe ? Peut-on sérieusement penser l'oppression dans le monde moderne sur la base du Genre comme Premier Principe, ou le Genre est-il une poutre dans nos yeux ? L'oppression des usines chinoises, des maquiladoras, des sous-traitants de l'industrie chimique ou du nucléaire devient secondaire face aux statistiques des inégalités hommes femmes dans les pays riches ou sous développés . L'antispécisme permettra d'exploiter l'homme comme l'animal, tôt ou tard . La domination sans partage des Gender Studies est l'extermination de toute lutte sociale capable de développer un négatif destructeur pour le Système – voilà pourquoi l'oligarchie les finance . Voilà pourquoi il faut rappeler que ce texte est écrit depuis Sophia-Antipolis, un bastion flamboyant de la bourgeoisie progressiste du Système .

Troisième remarque, un peu plus éloignée et qui mériterait un développement : les Gender Studies sont également fonctionnelles en tant qu'elles favorisent le développement d'une société matriarcale qui ne cesse de restreindre la liberté au nom de la protection– voir V. Despentes, King Kong Théorie, à ce sujet . Elles sont issues des psychologies hypersocialisées nées dans le Système et condamnent fanatiquement la violence et la domination, sauf quand elles dominent elles-même – dans ce cas uniquement, elles dénient toute domination et toute violente . Plus exactement, elles légitiment la violence des opprimés, mais sont exagérément sensibles à tout rapport de force . De telles mentalités, qui condamnent toute éducation à la violence, tendent à condamner tout point de vue positif sur la violence, et nourrissent la dépendance aux systèmes de sécurité modernes du Système, depuis la police jusqu'aux innombrables sociétés de sécurité, qui régulent les rapports entre le prolétariat habitué à la violence banalisée, et qui dans la rue montre sa domination par cette capacité de violence, et les classes moyennes et la bourgeoisie impuissantes face à la moindre intimidation physique – qui de ce fait s'enferment dans des lieux plus ou moins réservés, comme Sophia-Antipolis . Ces mentalités hypersocialisées correspondent caricaturalement à ce que Nietzsche, dans la Généalogie de la morale, nomme le ressentiment . Cela confirme ce que je pensais, à savoir que la généalogie projette dans le passé le puritanisme moralisateur du XIXème siècle capitaliste . Théodore Kaczynski présente ainsi cette mentalité : le sentiment d'infériorité est enraciné si profondément (…) qu'elle ne peut accepter une classification dans laquelle certaines choses réussiraient ou seraient supérieures, et d'autres échoueraient ou seraient inférieures .

Quatrième remarque : les Gender Studies ont de nombreux points d'accroche avec la french théory, Foucault, Derrida, Deleuze, etc ; par exemple, Deleuze, au début de mille plateaux, montre que la classification par le principe du Rhizome, qui ne hiérarchise pas ce qu'elle (ne)classe (pas), est supérieure à toute autre classification hiérarchique sur le principe de la Racine . Certes, il soutient que le Rhizome n'est pas une classification, contrairement à la Racine, mais l'ironie de la supériorité de l'arborescence qui dénie toute supériorité est parfaitement sensible à qui sait lire...sortir des Gender Studies est aussi sortir de la french théory .

L'objet des Gender Studies est le Genre . A priori, après la longue domination du racisme biologique dans la pensée occidentale, de la fin du XVIIIème siècle à 1945, il serait légitime de penser que le Genre ne désigne que le seul genre, le Genre Humain . Mais non . L'objet des Gender Studies est le Genre féminin, masculin, et les transgenres . Les amateurs de cette nébuleuse idéologique écrivent le Genre, pour penser une division des genres grammaticaux féminin et masculins hypostasiés . Puis ils posent un masculinisme idéologique, et un féminisme idéologique . La langue elle-même serait infectée par le masculinisme ; les Hommes et les Femmes ne pourraient pas communiquer, sinon avec beaucoup de réserves, puisque la langue du féminisme et la langue du masculinisme seraient tendanciellement incommunicables . La logique interne des Gender Studies est de rejeter le concept de Genre humain au profit des genres, et cette logique interne est homologue à celle du racisme biologique . Le racisme biologique au XIXème siècle paraissait moderne et branché . Il était darwinien, scientifique, anticlérical, progressiste, réaliste, académique . Il était très Gender Studies .

La même intimidation à la moraline est en cours contre les classes pauvres de l'Empire, que ce soit sur le racisme ou sur le machisme . Les perspectives des êtres humains enfermés dans l'oppression économique sont celles du marché du travail . L'étranger est un concurrent, et donc la xénophobie y est banale, et organisée par l'oligarchie dans sa base matérielle, par la mise en concurrence des hommes et des communautés au nom de la tolérance . Dans les quartiers prolétaires, la capacité à se battre dans la rue est une des rares voies d'affirmation de soi et de valorisation . De même, la seule valeur commerciale du prolétaire est sa puissance physique de travail . La puissance physique est très valorisée, et les manifestations musclées et machistes y sont donc banales, de même que l'homophobie, quand l'homosexualité et la féminité sont présentés comme faiblesse . Le rap est défi physique, et le catch et la boxe donnent des modèles aux plus jeunes enfants . Les filles elles – même, dans ce milieu violent, deviennent très violentes ; et elles-même homophobes, ce qui montre assez que le comportement et les valeurs dans un champ social opprimé ne se comprennent pas d'abord par le principe du Genre, mais celui de la domination matérielle et symbolique effective . Le maintien de l'organisation sociale du prolétariat par la puissance physique, selon le marché du travail, ET le soutien aux universitaires qui condamnent le machisme et l'homophobie, ce qui est juste, sans s'interroger sur leur conditions sociales de production dans un champ social opprimé, ce qui est injuste, permet aux oligarques de se la jouer gagnant-gagnant, de fustiger symboliquement le prolétariat et de garder l'appui des classes moyennes ; mais la violence symbolique du mépris antiraciste pousse les ouvriers vers les partis d'extrême droite . Les Gender Studies sont idéologiquement la pérennisation de la rupture culturelle entre la pseudo-révolution académique des classes moyennes, et les classes opprimées de la société moderne .

Le premier argument à opposer à cette critique fondamentale des Gender Studies est donc que je suis un homme blanc, un oppresseur incapable de comprendre l'oppression .
Je ne crois pas un instant que la communication soit impossible entre les personnes humaines, sauf si une des parties la refuse . Mais le refus de l'argumentation et la légitimation de la violence d'un pôle vaut pour les deux pôles d'une relation . Si je ne peux pas m'opposer rationnellement, je serais légitimé à rejeter sans plus d'examen, et à déclarer stupides ceux, hommes ou femmes, qui se laissent impressionner et dominer . Surtout, je serais légitimé à considérer les Gender Studies comme une des multiples facettes du Système, donc comme un sous-système d'oppression . Pourquoi les plus forts sont ils les plus faibles, et les plus faibles les plus forts, c'est un premier paradoxe de la position dominante et de l'intimidation morale des Gender Studies .

En réalité, les tenants du Genre parlent énormément, et tendent à étouffer toute contestation . Il me semble très probable que les Gender Studies sont le creuset de l'idéologie dominante du Troisième Totalitarisme . Ces opprimés sont au pouvoir, et prêts à toutes les chasses aux sorcières . Je parlerais donc .

Il est de l'ordre du vital, du souffle et du sang d'être aussi au delà de ce par quoi je suis nommé, nom ou sexe . Il est des états multiples indéfinis de chaque étant vivant, de chaque souffle . Le nom qui n'est pas chanté est une prison . Les genres, les races, les papiers qui servent à classer et ordonner les hommes comme des choses sont des prisons . Les Gender Studies sont les briques des prisons de l'avenir .

Mon prochain texte sera l'analyse d'un texte caractéristique de la violence psychologique des Gender Studies . Je publierais aussi des textes traditionnels explicitant d'autres constructions symboliques de la différences des sexes que l'idéologie du Genre .

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