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Canal synthétique de la IIème Internationale Situationniste Immédiatiste.

mercredi 15 février 2012

L'"économie" comme construction symbolique de la domination .


(Dali, prémonition de guerre civile)




Les deux éléments suivants sont à prendre en compte pour comprendre la situation grecque comme sous-système d'un ensemble global . Des notes sur le premier est donné dans ce texte . Le deuxième portera sur le caractère spectaculaire – idéologique du mythe de la séparation entre politique et économie .

Le premier est la nature systémique des sociétés humaines . Les formes de la société sont mutuellement définies et signifiantes, ainsi les médias, la production et la répartition des richesses, la construction symbolique du monde, l'ontologie admise et ainsi de suite . Il n'est pas de déterminisme unilatéral et absolu, un domaine fondamental et des domaines illusoirement indépendants : Marx se trompait à ce sujet . Il n'existe pas de domaines entièrement indépendants – il avait là entièrement raison .

Les hommes d'une civilisation donnée ont beaucoup plus de mal à discerner l'unité de leur monde social, que celle des autres, qui pour eux sont « tous pareils » . Pour être plus facile à comprendre, je parlerais de la Chrétienté médiévale . Il existe une réelle diversité philosophique et de puissants conflits dans la philosophie médiévale ; et pourtant il nous paraît normal de parler au singulier de « la philosophie médiévale » . Le champ des problèmes philosophiques est globalement unique, et c'est dans les cadres de ce champ unique qu'il est possible de prendre des positions diverses, comme deux corps humains peuvent parcourir les formes du Kama-sutra . Il nous paraît moins évident de parler de « la philosophie moderne » parce que de l'intérieur, les différences nous paraissent très grandes, et le champ commun est voilé . Pourtant, notre monde est UNE civilisation .

Les éléments d'une civilisation offrent une unité organique, s'emboîtent les uns dans les autres . L'ordre social affectif du monde médiéval est symbolisé dans la culture et le droit ; il est projeté sur le monde animal, ainsi le roman de Renart ou les bestiaires . Pour ces hommes, il est deux pouvoirs hiérarchisés, l'Église et l'Empire temporel ; c'est à dire que la séparation de l'Église et de l'État y est effective . Il importe de comprendre que l'unité du pouvoir résulte de la coopération de plusieurs ordres de pouvoir .

De manière analogue, le pouvoir dans l'âge moderne se diffuse entre un grand nombre d'intervenants qui se dissimulent comme intervenants du pouvoir effectif – l'État moderne n' a pas le monopole du pouvoir, mais cette croyance fait partie du dispositif moderne du pouvoir, dont la légitimité repose sur le mythe « démocratique » . Une part essentielle de la coercition sociale a lieu dans les entreprises, mais cet aspect est rarement creusé . Un pouvoir réel et non démocratique peut difficilement se légitimer dans le cadre du récit démocratique, et ainsi un tel pouvoir devra être représenté comme étant soumis à l'État, ou comme « purement technique », ou encore être purement et simplement voilé . Aux États Unis, le complexe militaro-industriel est réputé soumis à l'État, par exemple . Et la Banque Centrale Européenne est un organe« purement technique » . Il est pourtant évident que tous les hommes de pouvoir effectif s'assoient sur la souveraineté de la Nation Grecque ; et cette négligence manifeste ce qu'est la Souveraineté Nationale des Nations de l'Europe, à savoir une fiction commode du pouvoir essentiellement oligarchique et technocratique, qui n'est pas sans présenter des analogies avec la nomenklatura soviétique .

Les catégories d'analyse du monde social par les médiévaux ne sont pas « économie » dont « finance, industrie, matière premières, agriculture », « social »,« politique », « culture et communication », « religion », pour reprendre des rubriques parmi les plus communes de l'information moderne . Elles sont « spirituel » et « temporel », « noble » et « non noble » . Toutes les « activités » citées existent d'une manière ou d'une autre, mais les livres qui portent des titres comme « la vie culturelle au moyen âge » sont anachroniques . Il n'existe pas dans ces sociétés « d'économie »au sens moderne . Cela ne signifie pas que ces hommes sont des imbéciles, ou qu'ils ne connaissent pas d'évolution des prix, ou n'étudient pas les monnaies ; cela signifie que pour eux ces phénomènes (appât du gain, prêt d'argent, inflation, disette, chômage etc) sont des éléments négatifs dont il faut protéger le monde social, et pas l'objet d'une science unique, ou d'un domaine distinct d'activité . Tout cela doit être encadré étroitement par la société, par des lois et règlements qui privilégient la sécurité individuelle et collective, et empêchent toute mise en concurrence des hommes . Globalement, les hommes, les artisans, et tous les autres travaillent, et travaillent fort bien, à l'évidence : mais la productivité par exemple n'est pas du tout un objectif identifié et prioritaire, alors que la qualité l'est . L'homme travaille pour vivre, mais ne vit pas pour travailler . Le premier signe de noblesse, et la première sagesse, est de ne jamais travailler . Le « ne travaillez jamais » de Debord n'aurait pas du tout paru original . Le travail est servile . Un moine qui prie, un chevalier qui se bat, un sage, un savant par exemple, ne travaillent pas . Ils reçoivent un fief ou ne pension royale pour être libérés du travail, et exercer leur activité noble . Et c'est un honneur de la femme de famille aisée, de ne pas travailler, en aucun cas une exclusion .

Le modèle de la société, encore au XVIIème siècle, est une société lente, qui ignore le stress de type moderne . C'est une société hiérarchique et ritualisée, avec une indéfinité de toutes petites fonctions ne demandant que peu de travail, et qui sont à vie . Chacun a une fonction clairement définie et distincte des autres ; il n'y a aucune égalité pensable . Enfin, il est clair que le monde social présente une grande complaisance globale pour l'incompétence – le discours du Chameau, légat du Pape et docteur en droit, dans le Roman de Renart, est moqué mais sans méchanceté . Énormément de curés sont tout à fait contraires dans leur comportement à toute morale chrétienne . Et après ? Il doit donner les sacrements, c'est l'essentiel . C'est à dire que l'exclusion sociale ne peut y être la règle, puisque tout est fait pour qu'il n'y ai pas de marché du travail, en dehors des grandes villes . Je vous invite à lire le prodigieux livre de Roland Mousnier, les institutions de la France sous la monarchie absolue .


Je veux d'abord poser cette première évidence : les sociétés posent des priorités . L'ancienne société voulait garder le travail à distance et privilégiait les liens sociaux, et le service de Dieu qui lui succède dans le Clergé . Notre priorité réelle, en dehors des discours plus ou moins progressistes, n'est pas de se libérer du travail . Plus nous travaillons, plus nous avons de richesses, plus il faut travailler pour les maintenir . Nous ne pouvons donner du travail à tous que par la mobilisation totale, et non par la reconnaissance symbolique de chacun dans son ordre, et la tolérance infinie de fonctions modestes . L'Europe de 2012 est beaucoup plus riche que celle de 1970, et semble en grande souffrance de pauvreté .

Il est en effet deux concepts de la pauvreté : celui d'ancien régime, ou le pauvre est celui qui ne peut se maintenir en vie, en bonne santé par son travail ou son revenu ; et le nôtre, qui est l'humiliation de ne pas avoir les mêmes signes de richesse que les autres, de ne pas pouvoir faire comme les autres . Quand un signe de richesse devient banal, il perd son sens de distinction et devient « normal » . Alors d'autres apparaissent . Il est banal de s'entendre recommander « d'avoir la télévision » comme les autres, par exemple, quand on a des enfants, « pour qu'ils ne soient pas exclus » . Ne pas lessiver l'âme d'une enfant de centaines de milliers de publicités serait ainsi « une pratique humiliante » pour les enfants...Toute la puissante industrie du luxe est là pour entretenir l'humiliation des « pauvres » . Dans ce deuxième concept, la course en avant de la fin de la pauvreté est infinie, donc inatteignable – et c'est bien le cas : le progressisme est un mythe, un mensonge qui voile cette certitude .

De même qu'une société comme la nôtre ne peut se donner de limites à l'inflation de la production dans son mouvement propre, de même les instances du Capital ne peuvent par elles-même se donner de limites à leur appétit . Plus une personne ou une institution s'enrichit, plus le même gain lui paraît faible . En langage économiste, cela signifie que le gain marginal d'une somme d'argent tend vers zéro dans l'accumulation . Un pauvre trouve 50 euros, c'est un événement, et 100% de ses gains d'une journée . Un homme moyen - supérieur gagne cinquante euros, c'est une heure de ses gains . Un homme très fortuné gagne 50 euros en moins d'une seconde, et n'enregistre aucune variation significative de sa fortune sur ce gain . Il s'ensuit que pour maintenir un flux significatif d'augmentation en proportion, indispensable à son financement en bourse, une institution financière doit demander toujours plus dans l'absolu, à un rythme considérable et croissant .

La diffusion de richesses permet de maintenir la mobilisation de tous . Nous ne pouvons maintenir la mobilisation totale de la main d'œuvre pour toujours maximiser la production de richesses sans sacrifier les liens sociaux ou les liens symboliques, sans humilier par le chômage, sans asservir les hommes à l'employabilité et au marché du travail, sans poser sans cesse que toute limite à ce processus est un « tabou » . Le tabou du salaire minimum, contraire à la compétitivité . Le tabou de la sécurité de l'emploi . Le tabou de la retraite à 60 ans . Le tabou de la sécurité sociale . Le tabou des arrêts de travail . La destruction des liens non marchands, Arendt nomme cela la production de la société de masse, de la société des individus isolés en masse, mais le phénomène est identique . Les processus qui ont abouti aux totalitarismes sont encore parfaitement vivants à ce jour, voyez vous . Le totalitarisme n'est pas derrière nous, mais devant nous, dans la logique immanente de notre monde . Bref, le critère privilégié d'ordonnancement de la société moderne est le service de la production, dans l'URSS de Staline, l'Allemagne de Speer, comme dans l'Europe de 2012 .

Le principe d'ordre de la société est identique au principe d'ordre du monde . Notre modèle social est dans son principe même en expansion constante, en soif de main d'œuvre et de matières premières . Nous avons des guerres coloniales en 2012 comme il était des guerres coloniales à partir du XVIème siècle, pour l'or, le blé, le coton, aujourd'hui le pétrole . Vers 1550, nous libérions les populations d'Amérique du sud de la tyrannie, de la superstition et de l'esclavage de potentats sanguinaires et sociopathes, pour en éliminer environs les trois-quart dans l'exploitation des mines, et les remplacer par des esclaves noirs . En 1880, nous libérions de la tyrannie, de la superstition, et de l'esclavage par des potentats sanguinaires et cannibales, de pauvres africains, avant de les tuer par milliers au travail forcé, ou à la guerre, et de résister quelque peu à leur « indépendance » . Nous avons libérés de l'existence de nombreux peuples aborigènes sur toute cette période . En 2011, nous libérons de la tyrannie, au prix de quelque dizaines de milliers de morts, les pauvres libyens d'un potentat sanguinaire et sociopathe – comme si ailleurs il n'y avait pas pire, ne serait ce que dans nos protectorats - potentat par ailleurs soutenu par des européens à maintes reprises, avant de laisser s'établir des centres de torture et de s'occuper de leur pétrole . Je ne doute pas que les Libyens pauvres ne se sentent beaucoup plus libres à ce jour, sans parler des Libyens noirs . Les contes de la libération des peuples valent pour les contes de la libération de l'homme par le travail dans le Système, la storytelling de Stakhanov, de la vertu du travail, du travailler plus pour avoir plus de temps libre .

Il est un Système, et ce Système connaît une extensification, expansion spatiale, l'impérialisme, et une intensification, expansion en intensité, en pénétrant toujours plus profondément la vie humaine dans ses éléments les plus intimes . Par exemple, les télévangélistes aux États Unis illustrent le passage de la religion en service commercialisable, analogue à la variété ou au spectacle sportif, sans parler de la scientologie ou de tous les biens êtres possibles . Le Capitalisme, autre nom valable du Système, a une propension auto-produite à envahir l'ensemble des mondes humains . Il est par essence extension du domaine de la lutte, et destruction planifiée des liens non marchands entre les hommes . La tyrannie qui se met en place n'est pas un accident de la route triomphante de la liberté, mais le résultat déterminé du modèle social existant . Et ce modèle est une civilisation en soi, un Système .

Il est possible en tant qu'individu de vouloir du chauffage électrique sans désirer vivre à côté d'une centrale électrique, ou de vouloir se déplacer librement en voiture sans produire de pollution . Mais dans la totalité sociale, il n'est pas effectif de pouvoir choisir entre « aspects négatifs » et « aspects positifs » du Système . Les différents aspects d'un Système ne sont pas une carte de restaurant, permettant un choix indépendants des aspects, mais un menu global non négociable . Il n'est pas possible par exemple de prétendre conserver le libre accès à l'énergie et une nature sauvage, et j'en passe . Autres exemples : une vision globale du Système pose que l'on ne peut pas viser la maximisation de la puissance matérielle et la course à la compétitivité par l'écrasement des salaires, et en même temps une forte consommation permettant une forte croissance . Seule exception, si la consommation de produits bon marchés se répand dans les milliards d'hommes aspirant à l'enrichissement . Mais une telle augmentation de la consommation, désirée par tous les capitalistes, sera très vite un désastre écologique .

Un autre exemple de ces menus à connaître est que le maintien de la croissance des pays émergents passe par l'augmentation massive de la production d'électricité, ce qui passe par la croissance massive du secteur nucléaire, et engendre mécaniquement un risque accru d'accident majeur . C'est pourtant la direction générale du monde, même depuis Fukushima . Martelés par une idéologie de la toute-puissance de l'homme, les penseurs modernes ne cessent de créer des oxymores qui semblent concilier les extrêmes incompatibles, comme le développement durable, ou le nucléaire propre, ou la guerre chirurgicale avec des bombes au phosphore par exemple . Développement durable ? Mais le développement par essence est croissance, croissance maintenue, et donc consommation et destruction, même ralentie . Production et destruction sont toujours, par essence, les deux faces de la même pièce .

L'apparente conciliation des incompatibles, c'est à dire l'aveuglement volontaire sur la réalité systémique du monde humain moderne, peut être nommé chaos cognitif . Les hommes modernes sont dépassés tant par le Système, que par les contradictions des phénomènes déstructurés par le Spectacle – il développent une sorte de non-pensée, ce chaos vide de représentations compatibles indéfinies .

Le Système est une formation globale très large, et son fonctionnement est assuré par le consentement de l'immense majorité des hommes . Ce consentement ne peut être obtenu que par le contrôle statistiquement suffisant tant des fonctions sémantiques acquises, culturelles, qui participent au traitement individuel de l'information reçue – le fait que les masses ne cessent de rejouer le jeu des oligarques, que les pauvres votent pour les candidats des riches, par exemple – et par le contrôle de l'information injectée dans les masses, un deuxième monde fictif, ou Spectacle . Les médias sont des fonctions du pouvoir, comme les entreprises ou les banques . L'idéologie moderne, socle commun de toutes les variantes d'idées politiques sur le marché ou presque, pose en particulier que seule la production matérielle et sa répartition sont des enjeux essentiels – elle est formellement un « matérialisme » . Même la plupart des intellectuels de gauche y participent, et ne cessent de s'entraver dans des contradictions entre « l'anticapitalisme » et une réflexion libérale et matérielle, comme le « smic à 1500 euros », qui n'est qu'un reflet de la fascination pour la société de consommation, sans parler de « la libre circulation des travailleurs ».

Entité globale et séculaire, notre modèle social à l'agonie, même indéfinie dans la durée, doit donc recevoir un oui ou un non global . L'organisme humain est aussi une formation globale . Je ne peux pas vouloir la main, et pas le cœur, ou le sang et pas le sexe . Il existe des variantes du Système, mais tous ceux qui ont cru aux réformes – c'est l'histoire des partis socialiste européens – sont devenus des serviteurs zélés du Capital . Les nuances dans le Système sont réelles, mais beaucoup plus réduites que l'on veut le croire, entre Bush et Obama, entre Jospin et Chirac, entre Thatcher et Blair, entre Schröder et Merkel, et j'en passe . Déjà en 1978 Vaclav Havel soulignait la parenté des sociétés post-totalitaires de l'Est et de l'Ouest, comme la plupart des dissidents de l'Est d'ailleurs .

Un autre modèle de réflexion que je vous propose, avec prudence, comme expérience de pensée, est le modèle de la lutte contre l'Allemagne nazie . Il est clair que soutenir « des aspects positifs » et des « aspects négatifs » de l'Allemagne Nazie est un manque de loyauté envers soi-même – il faut choisir entre être nazi ou ne pas l'être - puisque par exemple la réduction drastique du chômage ne peut être considérée indépendamment de la politique globale du Reich .

J'ai à vous livrer un exemple de ce type de pensée des « aspects positifs » qui en montre la confusion digne du chameau du Roman de Renard . « Mais en bref, vite fait, je parle de ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain, de ne pas être contre pour être contre, sans réflexion approfondie, je parle de ne pas voir les choses noires d'un côté et de l'autre les choses blanches mais d'étudier avec bienveillance et attention les zones grises, je parle d'une société ou je lis beaucoup de phrases mais vois très peu de pensées » un bel exemple d'auto-référence bourgeoise, digne du dictionnaire des idées reçues de Flaubert . Tout d'abord, la moraline est le seul guide du regard, entre blanc et noir, et gris ; il n'est aucune position de compréhension globale des sous-systèmes, mais juste une sélection arbitraire et déstructurée d'images, qui est alors nommée pensée . Il est clair que la pensée n'est ici qu'une suite sautillante de réactions émotionnelles face à une totale fragmentation, mode d'appréhension du monde à travers le Spectacle, typique du Bloom . Là je ris . Là je m'indigne . Là j'ai rien vu, j'étais parti pisser .

L'éducation scolaire à la dissertation, qui pose la supériorité d'une pensée « nuancée », de la démarche formelle thèse anti-thèse synthèse à la moraline favorise aussi ce genre de bibelot de l'inanité moderne . Voilà un plan caricatural de ce genre d'étude du Système : Aspects positifs, par exemple la voiture . Aspects négatifs, la consommation d'essence et la pollution . Aspects gris, synthèse : même sale, le pétrole c'est des emplois . Conclusion, on continue .

Il n'est d'autre pensée rigoureuse du monde social que l'élaboration conceptuelle des liens réels à l'oeuvre dans la société - comprendre, c'est relier . Il n'est que deux manières d'être lucide à ce jour, j'en suis certain . Soit être favorable au Système plus ou moins aménagé, et d'en assumer toutes les conséquences – et ces conséquences sont lourdes, et pourraient recevoir diverses qualifications juridiques . Soit décider de rechercher une sortie, donc de poser un non absolument global au Système, à long, moyen ou à court terme .

Dans une perspective scientifique, il ne faut s'interdir aucune étude de zone grise, si ce mot a un sens dans une telle étude . Mais dans une perspective de résistance, aucune nuance ne peut être défendue . Pendant la bataille de Stalingrad, il était certainement des allemands humains, non pas noirs, mais gris ; cependant, dans la bataille, il était clair que de telles réflexions n'avaient pas leur place . Dans la perspective d'une résistance totale face à un Système total, résistance que je pense d'abord non violente et spirituelle pour refuser la logique de déploiement de la puissance matérielle immanente au Système – le terrorisme étant d'abord au service du déploiement toujours approfondi des « forces de sécurité » - le discours à la moraline des nuances doit être oublié .

L'effort de construction de la résistance ne peut passer par la mise en doute systématique des résistants par des êtres sans consistance au nom de « l'égalité » , mais par une idéologie de fer, dont nous nous n'avons pas besoin d'être dupe – une idéologie de fer qui est le bouclier du règne de fer de l'idéologie moderne, idéologie omniprésente, matraquée, versicolore, destructrice de toute pensée arc-boutée à la puissance nue de la négation .

La dissidence n'est pas violente, elle est d'abord vie humaine, libération des fonctions idéologiques, pensée de rechange .

La deuxième évidence à soulever, c'est l'absence de séparation réelle entre « l'économie » et « le politique » dans le monde moderne . Ce sera l'objet d'un prochain texte .

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