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Canal synthétique de la IIème Internationale Situationniste Immédiatiste.

samedi 21 mai 2011

Problème III : La construction sociale des problèmes.




(Le Titanic au départ)





Supposons résolus les questions préalables de la situation et de l'index du problème . Prenons maintenant une situation normale, où un problème est bien aligné sur une perspective, et bouche l'horizon . Et tentons une analyse phénoménologique de ce qu'est un problème .


Un problème naît d'une dissonance cognitive . Une dissonance, c'est à dire une contrariété, une contradiction . La question, c'est sur quel horizon naissent ces pôles de contradiction ou de contrariété . Est-ce dans la réalité ? Est-ce dans l'homme ? Est entre l'homme et le monde ? Est-ce que cette manière classique de poser le problème est fondée ?


Prenons un exemple : l'énoncé « les clefs sont sur la table » . Si on me dit cela et que je trouve les clefs sur la table, pas de problème . Si même je les trouve sur une chaise, rapidement, pas de problème . Si par contre je ne les trouve pas, l'énoncé devient un problème . Je vais m'assurer du message et de la conviction de l'énonciateur (tu es sûr que tu as mis les clefs sur la table ?) . En cas de confirmation, je vais m'obstiner, par exemple soulever le journal posé sur la table . Bref, je cherche dans l'horizon de l'énoncé, encore si je me demande qui a pu changer les clefs de place à partir de la table, etc .


La dissonance est entre mes attentes crées par un énoncé, et le monde . Ma pauvreté sera un problème si mes parents m'ont convaincu d'attendre de la vie d'être riche . Épictète règle les problèmes en faisant prendre conscience d'attentes inadaptées au réel . Il y a les choses qui dépendent de nous, et celles qui ne dépendent pas de nous, et de ces dernières je ne dois avoir nulle attente .


Souviens-toi donc que, si tu crois libres les choses qui de leur nature sont esclaves, et propres à toi celles qui dépendent d'autrui, tu rencontreras à chaque pas des obstacles, tu seras affligé, troublé, et tu te plaindras des dieux et ...des hommes. Au lieu que si tu crois tien ce qui t'appartient en propre, et étranger ce qui est à autrui, jamais personne ne te forcera à faire ce que tu ne veux point, ni ne t'empêchera de faire ce que tu veux ; tu ne te plaindras de personne ; tu n'accuseras personne ; tu ne feras rien, pas même la plus petite chose, malgré toi ; personne ne te fera aucun mal, et tu n'auras point d'ennemi, car il ne t'arrivera rien de nuisible. - Épictète, manuel .


Et ainsi n'avoir jamais aucun problème . Recevoir un ordre impossible à exécuter est un problème si je crois que je dois réaliser tous les ordres de mes supérieurs – et pas un problème si je juge que la situation ne dépend pas de moi, et que je suis prêt à mourir, comme le préconise le Hagakure .


Un même type de problème vient du non respect d'une règle . Un crime est un problème pour le juge . Un prix anormalement bas est un problème pour la concurrence . Une insulte est un problème, car elle est anormale . La dissonance existe alors entre nos attentes et le fait . Car la règle crée une attente, l'attente qu'elle soit globalement respectée .


Le problème vient d'une dissonance entre nos croyances et un fait, ou un énoncé – d'une dissonance entre l'homme et son monde . En vérité, la plupart des problèmes ne viennent pas du fait, mais de nous . L'homme du Système, dont le désir est illimité et la construction du monde simpliste, ne peut que rencontrer sans cesse des dissonances entre ses attentes et sa vie réelle de bloom . Les mondes ne cessent de provoquer nos limites . Dans le monde du rationaliste, les fantômes n'existent pas, et les témoignages, ou l'expérience d'un fantôme est un problème, non pour un contemporain de Shakespeare .


Les personnes mesquines, justement dites bornées, ont énormément de problèmes . Si, en rentrant chez elles, elles trouvent un chat noir avec un haut de forme, qui mange du caviar et boit de la vodka, elles seront perturbées, voire poussées vers la folie – là où le poète se réjouira de la surprise, et du caviar . Pour un homme habitué à la violence, devoir tuer un homme avant le dîner ne sera pas un problème de même degré que pour un comptable entre deux âges sans expérience . C'est pour cette raison que les premiers résistants armés sont soit des professionnels, comme des militaires, ou des gangsters . Les autres doivent apprendre . On apprend vite .


Dans le Système, des personnes sont hyper - spécialisées, et très profondément démunies dans la vie ordinaire . Que les personnes moyennes soient démunies, étouffent sous les problèmes est fonctionnel, car cela les rend dépendantes du Système . Elles ne savent pas se défendre d'une agression, même verbale ; elles seraient incapables de vivre sans les supports de la société moderne . C'est ce qui permet à des adolescents inorganisés, en bande, de prendre possession des rues – il est des pays où de telles situations sont impossibles, parce que les hommes savent se défendre immédiatement . L'impuissance des citoyens est le renforcement indéfini de la puissance des polices – c'est à dire qu'il est contradictoire de désarmer les adultes physiquement et moralement et de se plaindre de l'excès de présence des forces de sécurité . Une personne agressée pointe l'index du problème vers l'État, vers « la politique de sécurité » ; peut être est-ce elle, le problème : vae victis ! Mais aujourd'hui on condamne même ceux qui blessent un agresseur en se défendant à mains nues . Il a joué, il a perdu, comment imaginer même le protéger ?


Autre exemple, le problème des « enfants rois » . Des enfants dominent leurs familles, y compris de manière violente . La fait est banal . Et quel est le problème soulevé régulièrement ? C'est la lutte contre la fessée . Le véritable scandale, c'est que des enfants humilient des adultes sans réaction . Mais l'humiliation des pauvres par les technocrates éduqués de l'enfance ne gêne pas le Système . Les spécialistes canins offrent même un service de rééducation de chiens . Des hommes qui craignent leur chien ! Comment ne craindraient-ils pas leurs propres enfants ?


De très nombreux problèmes de société viennent du déni puritain de la force – la force structure les rapports sociaux, des actes de force mettent en place des ordres sociaux . Il est essentiel pour le Système de maintenir son monopole de la violence légitime, et donc de l'ordre, y compris en favorisant la déliquescence des rapports sociaux dans les classes les plus pauvres . L'oligarchie est parcourue de puissants réseaux et condamne les réseaux qui lui sont extérieurs . Les bandes organisées qui résistent à l'ordre sont au contraire dans l'hyper-réaction au désordre de leurs familles .


L'ordre et la paix des rapports entre les hommes, le fait de maintenir chacun à sa place passe par l'usage régulier de la force symbolique – ainsi la mère qui dit à un petit enfant : tu obéis à ta mère . Si la force symbolique ne suffit pas, un usage maîtrisé de la force réelle s'impose, à moins que le renversement des rapports ne soit pas un problème . Je le dis sans hésitation : donner la domination familiale à un jeune enfant, c'est purement et simplement de la maltraitance, c'est en faire un individu odieux pour tous . L'usage maîtrisé de la force réelle dans les familles, depuis toujours, c'est la contrainte physique – porter l'enfant qui refuse de venir, le fesser, voire lui donner une gifle si la réaction s'impose – s'il vous insulte, ou lève la main sur vous . Or la force réelle est considérée comme LE problème, et non la subversion complète des rapports normaux . De ce fait les cadres normatifs de la société, ou travailleurs sociaux peuvent infiltrer les familles, et justifier leur fonction sociale .


De même, chez les personnes que la technologie moderne a rendues pathologiquement organisées ; le moindre changement de programme devient un problème . Pourtant, pendant très longtemps l'homme ne connaissait l'heure que de très loin et était toute sa vie sans papiers . L'hospitalité offerte à des inconnus était une valeur importante de la société, codifiée par exemple dans l'Écriture . Le véritable problème, c'est que la rigidité est mortelle, et surtout stupide . Cette rigidité est aujourd'hui extrêmement répandue, car la complexité de la société moderne l'oblige fonctionnellement à être de plus en plus rigide – voir Galbraith, le nouvel État industriel, pour une explicitation poussée de cette rigidification progressive et masquée . L'omniprésence de l'heure exacte est le signe de cette mise sous tension permanente des rythmes individuels . Une diligence pouvait attendre un voyageur ; pas un train, quand un autre passe dans trois minutes, là, et dans toutes les gares où il doit passer . Ce problème de la coordination des trains et des horloges des gares fut le premier qu'affronta Einstein dans la recherche des bases de la théorie de la relativité .


Tout doit donc être programmé dans le monde des programmeurs . Pourtant un enseignement basé sur un programme déroulé mécaniquement est une négation de l'enseignement, de même que la programmation de la recherche , qui suppose par principe que la recherche est une fonction régulière d'accroissement, ce qui est factuellement faux . On parle de personnaliser dans les cadres d'une organisation monolithique du temps . On apprend, on cherche par paliers plus ou moins brusques, par eurêka, et non comme morphogénèse de la géologie de Lyell, par une lente et calme érosion de l'ignorance . Il est impossible de résoudre à date fixe un problème mathématique fondamental - Il est impossible, pour un ingénieur, de rendre le projet d'un produit réellement complexe à terme, en ne définissant au départ que ses fonctions ou ses objectifs . Il est possible que les fonctions, les objectifs et les moyens ne soient pas compatibles – qu'il soit impossible de construire une centrale nucléaire économique, puissante, produisant peu de déchets, et réellement sûre . Et ce, même si l'électricité est un besoin vital pour la nation . Il est possible de mettre beaucoup de moyens, et de ne pouvoir accéder aux désirs . Il est impossible de prévoir la fin de la catastrophe de Fukushima dans neuf mois .


Les organisations, les sociétés humaines, analogues au psychés individuelles, sont aussi des systèmes cognitifs, qui rencontrent des problèmes et manquent de lucidité fonctionnellement dans les termes des problèmes .


Prenons l'exemple de la formation en entreprise . Une entreprise demande à des formateurs comment remotiver une équipe dans un contexte salarial déprimé, alors que les dirigeants s'empiffrent et ne croient eux-même qu'en l'argent ? Quel dispositif mettre en place ?


Un dispositif est un sous-système organisationnel qui ne change pas l'organisation générale . Il permet de suturer une situation problème de l'organisation générale et le sous-traite, sans avoir à remettre en cause l'organisation générale . Par exemple, les urgences d'un hôpital sont un dispositif qui résout le problème de la lenteur codifiée de l'admission au statut de malade hospitalisé dans un service . Il existe des dispositifs exceptionnels, comme un haut-commissariat crée pour une catastrophe . Les dirigeants, comme les salariés, apprécient, dans notre société rigide, la souplesse des dispositifs, mais ceux-ci ne peuvent se multiplier indéfiniment sans montrer un problème d'organisation .


Dans l'exemple proposé, il est probable qu'il n'existe aucun dispositif pour obtenir durablement et solidement une motivation dans un tel contexte, sans changer le contexte lui-même . La commande de l'encadrement de l'entreprise pose les termes du problème : les employés ne sont pas motivés, il faut les aider à retrouver les sources de la motivation sans changer l'organisation globale, qui donne toute satisfaction à l'encadrement – mais en refusant de voir que le comportement des salariés dépend certes de facteurs individuels, mais est aussi largement un effet de l'organisation globale . Apporter un dispositif de coaching interpersonnel est alors une solution de l'encadrement au problème de la faible motivation des salariés : il montre qu'une attention de l'encadrement a été portée au problème, qui est d'abord un message des salariés à l'encadrement – les conditions ne sont pas telles que l'on va montrer du zèle - et il dévie la responsabilité de l'interne de l'organisation aux intervenants extérieurs – si le coaching ne crée pas la motivation, c'est que l'intervention a été insuffisante . En clair, l'encadrement veut passer ce message : il est à l'écoute, attentif, responsable – dit autrement, l'offre de formation ou de coaching satisfait la vision du problème par l'encadrement . Mais les intervenants ont affaire au salariés, et doivent proposer un produit de formation qui soit aussi satisfaisant pour eux – et donc qui ne dénie pas leur vision du problème, qui est celle d'un déficit de l'organisation à répondre à leurs besoins en argent, moyens, et reconnaissance . Pour simplifier, les salariés ne répondent pas aux attentes de l'entreprise ; et l'entreprise ne répond pas aux attentes des salariés . Mais est-il sage, pour les cadres, de ne croire qu'à l'argent et de s'étonner de la faible motivation des petits salaires ? Est-il sage, pour les employés, de croire en l'entreprise pour réussir leur vie, alors que celle-ci n'a pas cette finalité ?


Plutôt que de surveiller les salariés sur tout, et de créer sur tout des problèmes, l'entreprise peut définir des attentes souples, rationnelles, et de laisser paternellement s'installer des pauses et des relâchements – bref, si elle ne peut pas payer, elle peut diminuer ses attentes et travailler la convivialité . De ce fait, il est possible de créer un attachement à l'organisation permettant ensuite de demander plus sur des périodes de pointe . Mais l'accentuation de la pression est au fond destructrice, tant pour l'encadrement qui perd la confiance de ses salariés, que pour les salariés, qui ne savent plus ce qui est attendu d'eux, et semblent ne jamais satisfaire à l'entreprise, ce qui est décourageant .


Les sociétés modernes organisées par le Système sont encore plus complexes que des organisations moyennes . Elles ont donc toute sortes de problèmes, classés dans de grandes rubriques de type économie, société, culture, etc . Ces divisions sont extrêmement discutables, mais ne sont pas un problème dans la société, puisqu'elles ne sont pas tellement mises en doute . Elles sont un problème pour le penseur, puisqu'elles sont d'apparence ontologique, c'est à dire paraissent des classifications des activités humaines réelles – il y aurait ainsi des activités réellement économiques, et des activités réellement sociales séparées . Mais à l'examen, ces séparations sont vides de sens : la société ne serait pas construite par la répartition et pour la répartition des richesses ? L'État, en qui circule la moitié parfois et plus du P.I.B, ne pourrait être l'objet d'une analyse économique ?


Les distinctions de la pensée de la société par elle-même ne sont pas ontologiques, mais fonctionnelles . Elles posent les termes des problèmes du Système dans les cadres du fonctionnement du Système . Le problème des salaires n'est pas ainsi un problème économique, mais un problème social ; les cours de la bourse eux sont économiques, et pas sociaux . Social, c'est à dire un peu arbitraire, un peu confus, revendicatif ; économique, c'est à dire neutre, sans passions sociales, sérieux, précis et froid . Technique, quoi . Du domaine de ce genre de phrase : l'état réel de l'économie ne permet pas d'augmenter les salaires . Ou : pour gagner plus, il faut produire plus, proposition qui laisse de côté le fait qu'une répartition de la production se fait, avec un rapport de force, c'est à dire que l'économie se tisse de politique . En bref, l'idéologie racine est à la fois l'organisation conceptuelle de l'ordre du Système, et l'ensemble des termes légitimes des problèmes qui se posent dans le Système .


Dans le cadre de l'idéologie racine l'augmentation des salaires est un problème pour les salariés, qui n'ont pas ce qu'ils attendent ; c'est un problème pour le militant social, pour le politique ; ce n'est pas un problème réel, économique, puisque les salaires s'ajustent naturellement selon le marché du travail . Imposer que les salaires soient un problème public passe par la création d'un problème pour l'économie, à savoir un mouvement social menaçant, par exemple . Ce qui est un problème pour l'économie c'est ce qui s'oppose ; et c'est l'essence du problème en général . Les hommes les plus puissants sont rêvés comme sans problèmes ; et ce qui est sans problèmes est sans opposition .


Dernier point, le contrôle des médias permet à des groupes de pression de poser des problèmes, c'est à tirer de fixer des termes de problèmes, de poser des normes ou des attentes publiques nouvelles : le problème de la parité, le problème de l'homophobie, le problème de la fessée, le problème de l'immigration...qui font donner lieu à des dispositifs : la lutte contre les discriminations sexistes, les dispositifs de rétention et d'expulsion des étrangers, etc qui permettront aux oligarchies d'obtenir de s avantages de pouvoir . Notons que ces problèmes ne sont nouveaux que si l'on considère que ce qu'ils visent est un problème – il n'existait aucun problème de parité il n'y a pas si longtemps, et aucun problème de l'immigration .


Prenons cet exemple .


La dissolution massive et précipitée des liens entre les hommes sur des continents entiers, accomplie avec violence, dans la précipitation, et avec un brouillage idéologique moralisateur tout à fait analogue au discours colonial des derniers siècles – lequel avait accompagné la diffusion de massacres à grande échelle et le travail forcé – provoque une pression démographique sur les populations des pays les plus développés du Système . Fonctionnellement, cette pression permet de briser les liens sociaux dans les sociétés de ces pays au profit du Système, puisque les termes « raciaux » des problèmes sont indéfiniment plus évoqués que les termes de classe ou de domination . Il n'est pas indifférent, dans une communauté, que les membres puissent être intégrés par la langue et les coutumes, et par accord de la communauté . Mais la pression démographique permet de rompre ces communautés, et de taxer toute réaction xénophobe inévitable de raciste . Ainsi le Système voit une forte pression à la baisse sur le marché du travail, une flambée de xénophobie récupérable qui brouille tout discours de classe, et l'incapacité des peuples à poser le problème dans les termes d'une destruction partagée de leurs liens sociaux, dans toutes les cultures humaines encore vivantes .


Le développement du Système brise les liens entre les hommes et l'équilibre des sociétés avec leur environnement . Si nous allons faire la guerre dans de nombreux pays, il n'est pas étonnant qu'il se trouve de très nombreux réfugiés, réfugiés de toutes les guerres du Système . Et les sociétés européennes sont elles même désossées, et donc de moins en moins hospitalières, de plus en plus xénophobes, car dépourvues de la moindre identité culturelle authentique, et amenées à se définir par rejet, et non par creusement d'exigences vers soi . Ce que je dis n'est pas gratuit : de puissants Empires du passé ont largement ignoré tout « problème de l'immigration », en brassant des différences sans doute plus profondes . Les mouvements de populations sont le résultat du développement du Système et du déracinement des hommes qui l'accompagne . Ceux là même qui apportent la guerre, viennent ensuite se scandaliser des réfugiés...il n'existe de problème de l'immigration que parce qu'il existe un marché mondial du travail ; parce que les hommes, les communautés, sont mis en concurrence, sont crées ennemis ; et c'est ceux là même qui organisent cette mise en concurrence qui viennent regretter la xénophobie, pour mépriser les pauvres, et l'instrumentaliser en même temps sur le marché électoral . Réagir, comme le NPA, en défendant la libre circulation illimitée du travail, ce n'est que soutenir le marché mondial du travail . Le « problème de l'immigration », vu avec plus de hauteur, devient la question de la préservation des sociétés et des cultures humaines . L'Irlande du XIXème siècle a été un pays d'émigration parce que sa société a été détruite par une domination de fer, et pas « par goût des Irlandais pour les voyages » .


De tout ce qui précède, je retiens que l'homme du Système, le puritain, qui construit sa toute puissance factice par négation du monde est typiquement un homme à problèmes, à insatisfaction illimitée - et que le Système rencontre d'autant plus de problèmes qu'il est plus complexe, et que sa capacité d'adaptation et de souplesse diminue . Il est probable que le monde moderne serait brisé d'une épidémie comparable à la Peste de 1347 ; ou encore, le scénario en a été fait, qu'un renouvellement du printemps 1940 serait un effondrement absolu de la France . Et donc que les irrégularités qui posent problème sont de plus en plus ténues – par exemple, les déviances sont de plus en plus insupportables, la pression au conformisme de plus en plus radicale . Voyez la lutte contre « les arrêts de travail », la lutte contre « les absences au travail », la diffusion des psychotropes à une échelle massive, dès l'enfance (voyez la Ritaline), sans parler des « personnes âgées », ou la diffusion massive des « crimes sexuels », qui représentent plus de la moitié des prisonniers . Il est possible de faire l'hypothèse que malgré son immense puissance, le Système ne cesse insidieusement de se fragiliser . Qu'il doit donc évoluer vers des contraintes de plus en plus fortes sur les individus – évoluer vers une dictature d'un type nouveau . Pour autant, cette lourde tyrannie peut atteindre une singularité, un moment de telle fragilité qu'elle peut s'effondrer plus ou moins brutalement – et c'est cette hypothèse qu'il me faut creuser .


Celle de l'apparition plus ou moins nette d'un problème authentique à l'échelle même, séculaire, du Système .

1 commentaire:

pseudonymes1 a dit…

Le problème (2)

Au-delà des encadrements idéologiques
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La dissonance cognitive du politiquement correct
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