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(Tiens, c'est nouveau, cela. Marina Abramovic) |
Marx, idéologie Allemande :
« (...)
« Jusqu'à
présent les hommes se sont toujours fait des idées fausses sur
eux-mêmes, sur ce qu'ils sont ou devraient être. Ils ont organisé
leurs rapports en fonction des représentations qu'ils se faisaient
de Dieu, de l'homme normal, etc. Ces produits de leur cerveau ont
grandi jusqu'à les dominer de toute leur hauteur. Créateurs, ils se
sont inclinés devant leurs propres créations. Libérons-les donc
des chimères, des idées, des dogmes, des êtres imaginaires sous le
joug desquels ils s'étiolent. Révoltons-nous contre la domination
de ces idées. Apprenons aux hommes à échanger ces illusions contre
des pensées correspondant à l'essence de l'homme, dit l'un, à
avoir envers elles une attitude critique, dit l'autre, à se les
sortir du crâne, dit le troisième et — la réalité actuelle
s'effondrera. »
Ces
rêves innocents et puérils forment le noyau de la philosophie
actuelle des Jeunes-Hégéliens, qui, en Allemagne, n'est pas
seulement accueillie par le public avec un respect mêlé d'effroi,
mais est présentée par les héros
philosophiques
eux-mêmes avec la conviction solennelle que ces idées d'une
virulence criminelle constituent pour le monde un danger
révolutionnaire. Le premier tome de cet ouvrage se propose de
démasquer ces moutons qui se prennent et qu'on prend pour des loups,
de montrer que leurs bêlements ne font que répéter dans un langage
philosophique les représentations des bourgeois allemands et que les
fanfaronnades de ces commentateurs philosophiques ne font que
refléter la dérisoire pauvreté de la réalité allemande. Il se
propose de ridiculiser ce combat philosophique contre l'ombre de la
réalité, qui convient à la somnolence habitée de rêves où se
complaît le peuple allemand, et de lui ôter tout crédit.
Naguère
un brave homme s'imaginait que, si les hommes se noyaient, c'est
uniquement parce qu'ils étaient possédés par l'idée
de la pesanteur.
Qu'ils s'ôtent de la tête cette représentation, par exemple, en
déclarant que c'était là une représentation religieuse,
superstitieuse, et les voilà désormais à l'abri de tout risque de
noyade. Sa vie durant il lutta contre cette illusion de la pesanteur
dont toutes les statistiques lui montraient, par des preuves
nombreuses et répétées, les conséquences pernicieuses. Ce brave
homme, c'était le type même des philosophes révolutionnaires
allemands modernes . »
***
Ces
premières lignes de l'idéologie
allemande de
Marx semblent parler de notre monde, par exemple des Gender Studies,
sans parler de toutes les autres conneries de professeurs et de curés
laïques diffusées en vrac sur les réseaux :
Jusqu'à
présent les hommes se sont toujours fait des idées fausses sur
eux-mêmes, sur ce qu'ils sont ou devraient être. Ils ont organisé
leurs rapports de genre en fonction des représentations qu'ils se
faisaient de Dieu, de l'homme normal, des genres, etc. Ces produits
de leur cerveau ont grandi jusqu'à les dominer de toute leur
hauteur. Créateurs, ils se sont inclinés devant leurs propres
créations. Libérons-les donc des chimères, des idées, des dogmes,
des êtres imaginaires sous le joug desquels ils s'étiolent.
Révoltons-nous contre la domination de ces idées, révoltons nous
contre le patriarcat. Apprenons aux hommes à échanger ces illusions
contre des pensées correspondant à l'essence de l'homme, dit l'un,
à avoir envers elles une attitude critique, dit l'autre, à se les
sortir du crâne, dit le troisième et — la réalité actuelle
patriarcale s'effondrera.(...)
Naguère
une brave femen fort riche s'imaginait que, si les hommes et les
femmes ne se comportaient pas identiquement, c'est uniquement parce
qu'ils étaient possédés par l'idée
de genre inculquée par le patriarcat.
Qu'ils s'ôtent de la tête cette représentation, par exemple, en
déclarant que c'était là une représentation religieuse,
superstitieuse, et les voilà désormais à l'abri de tout risque de
différence de genre et promis éternellement à une égalité des
sexes sans conflit. Sa vie durant elle lutta seins nus contre cette
illusion des genres dont toutes les statistiques lui montraient, par
des preuves nombreuses et répétées, les conséquences
pernicieuses. Cette brave femme, c'était le type même des
philosophes révolutionnaires européens modernes .
Ce
qui est bien à noter : Marx reste intemporel à l'intérieur du
présent cycle du règne capitaliste.
Ce
qui fait de la peine : l'idéologie de base de la société
capitaliste moderne est identique en 1850 et 2013 ; il est très
probable qu'elle le soit encore en 2050.
***
La
nouveauté...C'est un texte très ancien qui en a parlé autrefois :
Paroles
de Kohélet, fils de David, roi à Jérusalem. 2 Vanité des
vanités, a dit Kohélet, vanité des vanités; tout est vanité!
3 Quel profit tire l'homme de tout le mal qu'il se donne sous le
soleil? 4 Une génération s'en va, une autre génération lui
succède, et la terre subsiste perpétuellement. 5 Le soleil se
lève, le soleil se couche: il se hâte vers son point de départ, où
il se lèvera encore, 6 pour s'avancer vers le sud et décrire
sa courbe vers le nord; le vent progresse en évoluant toujours et
repasse par les mêmes circuits. 7 Tous les fleuves vont à la
mer, et la mer n'en est pas remplie; vers l'endroit qui est assigné
aux fleuves, ils dirigent invariablement leur cours. 8 Toutes
choses sont toujours en mouvement; personne n'est capable d'en rendre
compte. L'œil n'en a jamais assez de voir, ni l'oreille ne se lasse
pas d'entendre. 9 Ce qui a été c'est ce qui sera; ce qui s'est
fait, c'est ce qui se fera: il n'y a rien de nouveau sous le soleil!
10 Il est telle chose dont on dirait volontiers: "Voyez,
ceci est nouveau" Eh bien! Cette chose a déjà existé dans les
temps qui nous ont précédés. 11 Nul souvenir ne subsiste des
anciens, de même de leurs plus récents successeurs il ne demeurera
aucun souvenir chez ceux qui viendront plus tard. 12
Moi,
Kohélet, je suis devenu roi d'Israël, à Jérusalem. 13 Et
j'ai pris à cœur d'étudier, d'examiner avec sagacité tout ce qui
se passe sous le soleil: c'est une triste besogne que Dieu a offerte
aux fils d'Adam pour s'en tracasser. 14 J'ai donc observé
toutes les œuvres qui s'accomplissent sous le soleil: eh bien! Tout
est vanité et pâture de vent. 15 Ce qui est tordu ne peut être
redressé, et ce qui manque ne peut entrer en compte. 16 Je me
suis dit en moi-même: "Voilà que j'ai, moi, accumulé et
amassé plus de sagesse que tous ceux qui m'ont précédé à
Jérusalem; mon cœur a acquis un grand fonds de discernement et
d'expérience." 17 J'avais en effet appliqué mon attention
à connaître la sagesse et à discerner la folie et la sottise, et
je me suis aperçu que cela aussi était pâture de vent; 18 car,
abondance de sagesse, abondance de chagrin, et accroître sa science,
c'est accroître sa peine.
***
L'idéologie
des militants blooms est vide - est vanité en son essence.
Le
fond le plus radical de l'idéologie est la vanité, le narcissisme
et les mécanismes psychiques de protection de l'image de soi. Le
récit héroïque du monde et de soi que véhicule l'idéologie est
le produit d'un narcissisme qui dénie le réel pour exister selon un
conte enchanté, où le petit-bourgeois misérable peut à son gré
devenir un membre de l'Internationale qui fera le genre humain, un
végétarien antifasciste qui libérera le peuple, ou un exemplaire
du peuple Aryen ou Noir ou Grand Serbe ou peut importe mais de toute
façon supérieur à tous les autres au nom d'une histoire évoquée,
et décidant de qui a droit à la parole et à l'existence, et maître
du bien et du mal. Cette prétention folle signe une farce de morale,
un pécheur justifié. L'impuissance de l'homme à connaître le bien
et le mal parmi les illusions du monde est reconnu du sage :
Voici
encore ce que j'ai vu sous le soleil: dans l'enceinte de la justice
domine l'iniquité; au siège du droit triomphe l'injustice. 17 Aussi
me suis-je dit à moi-même: "Le juste et le méchant, c'est
Dieu qui les jugera; car il a fixé un temps pour chaque chose et
pour chaque action."
Le
choix des idées est radicalement accidentel et indifférent. L'Islam
radical a ses blooms comme le féminisme radical, le néofascisme
comme tous les autres sectes idéologiques modernes. L'essentiel est
la structure individuelle de forme partiellement schizophrénique,
clivée du réel, qui se nourrit du récit idéologique pour poser un
réel factice permettant la vie d'un ego grandiose également
factice.
Exemple
sur le site des Femen :
Des
centaines de féministes se sont uni-e-s pour soutenir nos héroïnes:
Amina, Pauline, Josephine et Marguerite, qui sont en prison pour
avoir lutté en faveur des droits des femmes.
Le rassemblement a également vu s'exprimer l'oncle d'Amina, qui a prononcé un discours de soutien à sa nièce et aux interventions de FEMEN en Tunisie.
Aujourd'hui, jour du procès pour nos héroïnes, nous appelons tout le monde à s'unir pour nos droits, pour le féminisme, pour la liberté ; soyez prêt-e-s à vous battre. Pas de prison pour les féministes !
Le rassemblement a également vu s'exprimer l'oncle d'Amina, qui a prononcé un discours de soutien à sa nièce et aux interventions de FEMEN en Tunisie.
Aujourd'hui, jour du procès pour nos héroïnes, nous appelons tout le monde à s'unir pour nos droits, pour le féminisme, pour la liberté ; soyez prêt-e-s à vous battre. Pas de prison pour les féministes !
L'ego
des héroïnes gonfle au monde entier, et permet de se battre pour la
liberté, quand la première salariée venue ne se bat que pour une
survie assez minable et sommaire, fort triste à regarder en face en
vérité.
De
tels profils psychologiques, au fond assez masochistes –
travaillant à provoquer sur soi la violence comme l'avait noté
Kaczynski – cherchent justement le martyre qui confirme leur
construction égotique pseudo-héroïque. Ils peuvent tuer, ou
chercher un mode spectaculaire, histrionique, comme les Pussy Riot,
particulièrement à travers la prison et les tribunaux qui offrent
des tribunes sublimes pour leurs fantasmes de sublime.
L'indigence
politique flagrante de leurs actions, leur narcissisme évident –
par exemple la photo et la vidéo comme mode de propagande
privilégiés - leurs poses et leurs mines, s'ajoutant à leur
absence de pensée effective, sont par contre des critères sur
d'utilisation de la révolution comme thérapie pour une structure
psychique profondément névrosée, née dans la toute puissance
infantile nourrie par l'école – idéologues intégrés, délirants
scolairement reconnus – ou dressée contre l'école – idéologues
en rupture sociale comme les jeunes hommes islamistes ou fascistes.
La
négation de la réalité est un critère essentiel. Ce déni est la
racine de l'agressivité destructrice et de la haine de tous ces
blooms, puisque la négation puritaine du réel oblige, pour être
défendue, à aspirer à détruire tout ce qui s'oppose à la fausse
réalité idéologique posée comme toute puissante, en miroir de la
toute puissance fantasmée et immature de l'ego infantile. Cet ego
infantile et jamais transformé est le fond de ce profil
psychologique – et politique de fait - produit par la civilisation
moderne.
Le
déni comme la haine qu'il fonde peuvent prendre des formes très
variées. Le déni peut amener à faire des faux : fausses
accusations des antisémites et des chasseurs de sorcières, des
Jacobins pendant la Terreur, des grands procès de l'URSS, des
militants antifascistes vis à vis de leurs objets cristallisants,
toutes issues du même principe. La haine peut aller d'une simple
malveillance fondamentale à l'agression. Certains hurlent avec une
haine spectaculaire, frappent et cassent, et d'autres tuent des
enfants d'une balle à bout portant. Il y a là des degrés sur un
continuum psychologique.
Plus
les hommes sont éloignés de toute réalité, par la division du
travail social et par l’immaturité qui les protège indéfiniment
de tout ce qui est salissant, plus ils peuvent s'imaginer eux-même
en des rêveries grandioses, et choisir leur genre, choisir leur vie,
ou leur mort, choisir d'être – ce qui en réalité échappe
résolument à l'être humain. La vie de tel jeune terroriste
islamiste, ayant toujours eu de l'argent par ses proches et jamais
travaillé, rejoint la vie de petites filles de la haute bourgeoisie
pouvant sans travailler ouvrir un local dans le centre de Paris et
voyager de part le monde en Barbie héroïne, un modèle qui dépasse
l'attractivité du mannequinat sur le plan de l'auto-promotion et de
la valorisation morale.
Ensuite
j'ai réfléchi à cette prétention des hommes d'être l'objet des
préférences de Dieu, et j'ai vu que, considérés en eux-mêmes,
ils sont comme les animaux. (…) Car tout est vanité.
La
Bhagavad-Gîtâ fait dire de même à son héros, un héros
véritable, parlant à Dieu après avoir pris conscience de sa
vacuité :
« J'ai
cru que tu étais un ami et je t'ai appelé... ». J'ai
cru, et c'était une erreur, une illusion née de l'ego. L'homme
n'est pas Dieu, pas ami de Dieu, ni objet de sa préférence de cette
manière.
Un
révolutionnaire ne peut prétendre être un héros se vivant de
pulsions issues de son cœur comme le premier bloom venu. Il sait
qu'il a besoin de science, de réflexion, de recul. Plus que jamais,
la lecture de Marx nous est salubre, ami. Salubre face à l'énorme
obésité du discours spectaculaire de l'indignation et de la morale
bourgeoise qui joue le spectacle de la pensée révolutionnaire
depuis si longtemps.
Depuis
maintenant deux siècle se joue la réalité de expropriation massive
et répétée des hommes à leur langue, à leurs communautés, à
leur sol, à leur richesse et au profit de leur travail. C'est le
Capitalisme et l'Impérialisme qui plus que jamais dominent le monde,
et l'idéologie – et même l'idéologie de gauche - plus que jamais
qui domine le spectacle. On porte le drapeau rouge pour se
solidariser in fine – de facto - avec le FMI ; on chante le
chant des partisans pour défendre l'Union Européenne.
Marx
l'avait annoncé : la Révolution revient comme Farce...la chute
de la société de consommation apparaît de plus en plus comme
analogue à un sévère lendemain de cuite – et les idéologies
modernes sont les hallucinogènes de synthèse qui protègent les
esprits faibles du réveil.
Vive
Marx ! Vive la mort !
2 commentaires:
« C’est pourquoi le 1er devoir que nous impose la période présente est d’avoir assez de courage intellectuel pour nous demander si le terme de révolution est autre chose qu’un mot, s’il a un contenu précis, s’il n’est pas simplement un des nombreux mensonges qu’a suscité le régime capitaliste dans son essor et que la crise actuelle nous rend le service de dissiper. Cette question semble impie, à cause de tous les êtres nobles et purs qui ont tout sacrifié, y compris leur vie, à ce mot. Mais seuls des prêtres peuvent prétendre mesurer la valeur d’une idée à la quantité de sang qu’elle a fait répandre. Qui sait si les révolutionnaires n’ont pas versé leur sang aussi vainement que ces Grecs et ces Troyens du poète qui, dupés par une fausse apparence, se battirent dix ans autour de l’ombre d’Hélène ? réflexions sur les causes de la liberté et de l’oppression sociale de Simone Weil écrit en 1934
Merci. Rien de ce que j'écris n'est nouveau.
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